La voix des sables

Publié le par alain

Il était une fois, un vieux fleuve perdu dans les sables du désert. Il était descendu d'une haute montagne qui se confondait maintenant avec le bleu du ciel. Il avait traversé des forêts, des plaines, des villes. Il se souvenait d'avoir été vivace, bondissant, large, fier et noble. Quel mauvais sort l'avait conduit à s'enliser parmi ces dunes basses où n'était aucun chemin? Où aller désormais, et comment franchir ces espaces brulés qui semblaient infinis?
Il l'ignorait et se désespérait.
Or, comme il perdait courage à s'efforcer en vain, une voix lui vint des sables. Ce n'était qu'un murmure, mais à y être attentif il entendit:
-le vent traverse le désert. Le fleuve peut en faire autant.
Il répondit qu'il ne savait pas voler comme le faisait le vent
-Fait donc confiance aux brises, aux grands souffles qui vont, dit encore la voix, laisse toi absorber et emporter au loin.
Faire confiance à l'air hasardeux et impalpable? C'était inacceptable. Non, lui, le fleuve, il était terrien. Il avait toujours poussé ses cascades, ses vagues et ses courants dans un monde solide. Sa vie était là, sur le sol, et il lui était inconcevable de ne plus suivre sa route ainsi vers des horizons nouveaux.
La voix lui murmura encore
-La vie est faite de métamorphoses. Le vent t'emportera au-delà du désert, et te laissera retomber en pluie. Tu redeviendra rivière.
Le fleuve eut peur tout à coup. Il cria:
-Moi, je veux rester le fleuve que je suis
la voix des sables lui dit :
-tu ne peux pas car tu ne deviendra ici qu'un marécage tout au mieux avant de disparaître. Tu vois bien que tu ne peux rester le même. Tu parles ainsi parce que tu ignores ta véritable nature. Le fleuve que tu es n'est qu'un état passager, une petite part de ce que tu es vraiment. Saches que ton être impérissable fut déjà maintes fois emporté par le vent, vécut dans les nuages et retrouva la terre pour gambader, courir et ruisseler à nouveau.
-Et comment puis je savoir si ce que tu me dis est la vérité?
Un silence s'installa. Et comme le fleuve se taisait, un souvenir lui vint, semblable à un parfum à peine perceptible:c'était une sensation très vague, d'avoir déjà été dans le vent, un écho de toujours déjà là. Sa tête pensa que ce n'était peut-être qu'un rêve, mais son cœur lui dit que, même si cela était, il n'avait pas d'autres chemins de vie à présent.
Le fleuve se fit brume à la tombée du jour. Craintif, il accueillit le vent qui l'emporta. Sans effort, doucement il se sentit soulevé. Et soudain, familier du ciel où planaient les oiseaux, il se laissa mener jusqu'au sommet d'un mont pour tomber délicatement en pluie joyeuse.
Loin de là, loin de lui, la voix des sables murmurait
-Il va pleuvoir là-bas où pousse l'herbe, un nouveau ruisseau va naître. Nous savons cela, Nous savons les mille visages de la vie car nous nous étendons de la rivière à la montagne.
Voilà pourquoi on dit que les chemins qui permettent à la rivière de la vie de poursuivre son voyage sont inscrites dans les sables.
Cette voix parle sans cesse à ceux qui veulent entendre, c'est la mémoire de l'univers.
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C
Bonjour<br /> Comme a part quelques mots, c'est un copier coller de la version de Henri Gougaud, il aurait été correct de l'indiquer.<br /> Si cela a été fait, je ne l'ai pas vu.
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N
<br /> qu'il est bon d'entendre les paroles de l'eternel qui n'en finit pas de nous inviter à ne pas oublier l'éternité de l'instant present, notre responsabilité. Merci, alain.<br /> <br /> <br />
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